
( AFP / LINDSEY PARNABY )
Le gouvernement britannique envisage une nationalisation du sidérurgiste British Steel, filiale du chinois Jingye, après l'annonce de la prochaine fermeture de ses hauts-fourneaux de Scunthorpe (est de l'Angleterre) fin mars par l'entreprise, affirment plusieurs journaux britanniques mercredi.
La fermeture des hauts fourneaux, qui se traduirait par 2.000 à 2.700 suppressions de postes, a lieu sur fond de tension entre le gouvernement et l'entreprise sur une aide publique pour l'aider à passer aux fours à arc électrique, moins polluants et nécessitant moins de main d'oeuvre.
"Toutes les options sont sur la table" et "nous faisons tout ce que nous pouvons pour assurer un avenir florissant" à ces hauts fourneaux, a assuré mardi, le Premier ministre britannique Keir Starmer devant une commission parlementaire qui l'interrogeait sur une possible nationalisation.
S'il n'a pas explicitement confirmé que l'Etat envisageait de prendre le contrôle de l'entreprise, celle-ci revêt une "importance stratégique énorme" et "toutes les options sont sur la table, y compris la nationalisation", a affirmé une source gouvernementale citée mercredi par le quotidien The Guardian.
Le gouvernement préférerait un "accord commercial" avec British Steel, a tempéré mercredi la ministre de la culture Lisa Nandy, qui s'exprimait au nom du gouvernement, sur BBC Radio 4. C'est "la bonne option, elle est réalisable et à portée de main".
Il y a urgence, car l'entreprise disposerait de seulement 48 heures pour acheter les matières premières nécessaires pour continuer à faire fonctionner des hauts-fourneaux qui produisent notamment 95 % des voies ferrées du Royaume-Uni, selon le Financial Times.
Contacté par l'AFP, British Steel n'a pas souhaité faire de commentaire.
British Steel a rejeté ces dernières semaines une proposition de subvention du gouvernement jugée insuffisante -- selon une source proche du dossier, celle-ci s'élevait à 500 millions de livres, sur un budget total qui pourrait dépasser 2 milliards de livres pour passer aux fours à arc électrique.
Le groupe, qui emploie 3.500 personnes au Royaume-Uni, avait indiqué dès fin 2023 qu'il comptait remplacer ses hauts-fourneaux, les derniers du pays, par des équivalents électriques.
Il a lancé fin mars le processus pour les fermer, de même que ses opérations de fabrication d'acier, et "réduire la capacité du laminoir à acier à Scunthorpe", évoquant différents scénarios, dont une fermeture dès début juin.
Il a invoqué fin mars des conditions de marché "très difficiles" ou encore les droits de douane américains sur le secteur, disant perdre 700.000 livres (814.000 euros) par jour.
Ancien fleuron britannique, en difficulté depuis des années, British Steel avait été sauvé de la faillite par le chinois Jingye en 2020.
Son concurrent, Tata Steel, a éteint fin 2024 son dernier haut fourneau dans la plus grande aciérie du pays, à Port-Talbot, au Pays-de-Galles. Il prévoit lui aussi d'installer un four à arc électrique, dans le cadre d'un investissement de 1,25 milliard de livres, dont une subvention de 500 millions.
Le troisième producteur du pays, Liberty Steel, est quant à lui déjà passé aux fours à arc électrique.
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